Différents types de rime :
AABB : rimes plates ou suivies
Dans la plaine les baladins
S'éloignent au long des jardins
Devant l'huis des auberges grises
Par les villages sans églises
extrait de : Saltimbanques - Guillaume Apollinaire
ABAB : rimes croisées
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
extrait de : LXXVIII - Spleen - Charles Baudelaire
ABBA : rimes embrassées
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées;
Mon paletot soudain devenait idéal;
J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal;
Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées!
extrait de : Ma Bohème - Arthur Rimbaud
Richesse de la rime :
La rime pauvre : 1 seul phonème (= son) en commun exemple : maman, paon
La rime suffisante : 2 phonèmes en commun exemple : échelle, belle
La rime riche : 3 phonèmes en commun exemple : masque, fantasque
Rimes masculines / féminines :
La rime féminine se termine par un "e" muet, elle est plus douce.
La rime masculine est plus dure.
L'alternance des rimes masculines / féminines était la règle jusqu'au XXème siècle. Au XXème siècle, Aragon et Apollinaire ne respèctent plus ces règles. Aragon propose l'alternance des rimes consonantiques et vocaliques.
Je suis à toi Je suis à toi seule J'adore -> rime féminine
La trace de tes pas le creux où te mis
Ta pantoufle perdue ou ton mouchoir Va dors -> rime masculine
Dors mon enfant craintif Je veille c'est promis
Aragon
J'errai, je parcourus la terre avant la vie ;
Et, tout enfant encor, les vielliards recueillis
M'écoutaient racontant, d'une bouche ravie,
Mes jours si peu nombreux et déjà si remplis !
Hugo
Vers 1 et 3 : rimes féminines, 3 phonèmes (a-v-i) -> rimes riches
Vers 2 et 4 : rimes masculines, 1 phonème (i) -> rimes pauvres
Diérèse et synérèse :
On parle de diérèse et la synérèse en cas de diphtongue (collusion de deux voyelles distinctes).
- On fait la diérèse lorsqu'on prononce distinctement les deux sons des voyelles, prononçant ainsi deux syllabes.
- On fait la synérèse lorsqu'on ne prononce pas distinctement les deux sons des voyelles, ne prononçant ainsi qu'une seule syllabe.
Exemple : prononciation de "une liaison"
En faisant la diérèse : une
[*]
[ai]son -> 3 syllabes
En faisant la synérèse : une [liai]son -> 2 syllabes
Hémistiche et césure :
L'hémistiche est la moitié d'un vers. Il est marqué par une césure.
Exemple : Qui n'a pu l'obtenir || ne le méritait pas (Pierre Corneille, Le Cid)
Harmonie sonore :
Dans la langue parlée, le style linguistique est arbitraire. Il n'y a pas de rapport naturel entre le sens des paroles et les sonorités. La langue poétique lutte contre cet arbitraire. Elle s'efforce de donner une valeur représentative, des relations entre les sonorités. Les effets sonores produisent du sens. Dans l'analyse d'un poème, il faut définir le sens produit par les sonorités.
Le roulement des chars, le sifflement des balles. (Hugo) -> sifflement : mime le bruit de la balle
Certaines voyelles sont aigues ou graves, claires ou sombres.
Voyelles aigues : i, u, é, ê...
Voyelles graves : o, ou, on...
Les consonnes peuvent être douces ou dures.
Les occlusives (=dures) :
sourdes sonores
labiales p b
dentales t d
guturales c g
Les constrictives/fricatives (= douces)
f, v, ch, j, s, z...
L'allitération est la répétition d'une consonne ou d'un groupe de consonnes dans un vers (aboli bibelot).
L'assonance est la répétition d'une voyelle (Et la source sans nom qui goutte à goutte tombe - Hérédia).
Remarques sur la lecture d'un poème :
Respectez le rythme des vers. Attention aux e muets, aux diérèses, aux enjambements.
Rappelons ici au sujet des e muets que toute syllabe contenant un e muet compte pour un pied si le e se trouve devant une consonne ou un h aspiré. Il faut alors prononcer distinctement le e.
La diérèse se rapporte à deux voyelles que l'on prononce de manière à en faire deux syllabes au lieu d'une. Par exemple, violon peut être prononcé vio-lon (2 pieds) ou vi-o-lon (3 pieds, c'est une diérèse).
L'enjambement se rapporte à deux vers consécutifs qui doivent être lus sans discontinuité, comme s'il s'agissait d'un seul vers. Par exemple :
Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Ma bohème, Rimbaud
Longueur des strophes et des vers :
Les noms des strophes par rapport aux nombres de vers
distique = 2
tercet = 3
quatrain = 4
quintil = 5
sizain = 6
Les noms des vers par rapport aux nombres de syllabes
pentasyllabe = 5 syllabes
hexasyllabe = 6 syllabes
heptasyllabe = 7 syllabes
octosyllabe = 8 syllabes
décasyllabe = 10 syllabes
dodécasyllabe = 12 syllabes (alexandrin)