LA POESIE CLASSIQUE
Introduction
La poésie classique est très réglementée ! Les règles auxquelles on se réfère encore actuellement pour la poésie classique ont été précisées et codifiées par Malherbe (1555-1628) puis par Boileau (1636-1711).
Il existe la poésie classique à "forme fixe". Ces formes fixes sont un ensemble de règles structurant un poème classique. On trouve notamment : Le sonnet, le pantoum, la ballade, le triolet, la villanelle, le rondeau, le rondel, le lai, les iambes, la terza rima…
Respecter l'égalité dans le nombre de pieds
Hormis quelques exceptions (iambes…), les poèmes classiques requièrent l’emploi d’un nombre égal de pieds au fur et à mesure des vers. Ainsi, si le 1er vers est en alexandrin, tous les autres vers seront de même facture.
Se méfier des diphtongues
On appelle « diphtongue » la réunion dans le même mot de deux sons voyelles qui se succèdent. Ces deux sons peuvent être prononcés :
- Soit d’une seule émission de voix et constituer ainsi un seul pied :
Exemple : /pied/ (1 pied) => C’est la « synérèse »
- Soit d’une double émission de voix et constituer ainsi deux pieds :
Exemple : /li/on/ (2 pieds) => C’est la « diérèse »
Pour savoir si un mot se compte en synérèse ou en diérèse, il faut se référer à leur origine latine. Mais le plus simple est de se reporter au tableau des diphtongue, publié dans de nombreux traités de prosodie.
Déterminer les élisions
L’âme reste l’essence de l’Homme
peut devenir, après élisions :
L’ âme est l’essence humaine
L’élision est le fait d’ « aspirer » le E muet d’une fin de mot par un son voyelle débutant le mot suivant. Ceci est obligatoire dans 2 cas :
- A la césure.
- N’importe où dans le vers pour les mots se terminant par une autre voyelle + E (« joie, vie, pleurée… » doivent être élidés).
Le fait de placer un mot à élider au pluriel, ne modifie en rien l’erreur !
Eviter les échos
Il y a écho lorsque l'on trouve des sons identiques ou voisins aux endroits accentués, c'est à dire à la césure et à la rime, d'un même vers ou de vers plus éloignés. Il existe deux sortes d'écho :
- L'écho césure / rime
- L'écho césure / césure
Exemple d'écho à éviter :
Il est des instants où l'homme se perd
Et souvent il préfère oublier ses erreurs…
Pour éviter un écho, il faut compter un certain nombre de vers entre les deux sons voisins, afin que l’oreille du lecteur n’en soit plus gênée. Certains parlent de 4 vers, d’autres 6 vers, allant même pour certains jusqu’à 8 vers ! Pour ma part, je tolère 4 vers.
Bannir les hiatus
L’ « hiatus » est la rencontre heurtée de deux voyelles autres que le E muet :
– Soit à l’intérieur d’un mot : oasis
– Soit entre deux mots : j’ai été ; qui a ; tu es
L’hiatus est à bannir en poésie classique. Certains mots courants peuvent être tolérés, tels qu’ « oasis », « tuer », …
Soigner les rimes
En poésie classique, il faut faire rimer les singuliers ensemble, et les pluriels ensemble.
Il faut également alterner les rimes féminines généralement terminées par E, ES ou (l'ENT des verbes conjugués) et masculines (toutes les autres, et l’ENT des sons en « en »). De plus, une terminaison de vers féminine ne peut rimer avec une terminaison de vers masculine. Exemple : « harem » (fin masculine) et « bohème » (fin féminine) ne riment pas.
Le manque de mots pour certaines rimes ne permet pas toujours de suivre cette règle qu’on doit cependant respecter, chaque fois qu’on le peut. Mais on peut trouver des équivalences :
B-P ; D-T ; F-V ; J-CH ; K-C ; N-GN ; X-C-Z
Exemples :
Don / bouton
Triompher / rêver
Enfin, plus la rime est riche, plus elle est appréciée :
Exemples :
écru / dru - n'ont qu'un son "u" en commun
matin / satin - ont par contre une rime plus riche, alliant 3
sonorités communes : "a/t/in"
Placer les césures
Placez correctement vos césures. Les formes classiques n’imposent pas toutes des césures, mais c’est le cas pour l’alexandrin (12 pieds), le décasyllabe (10 pieds) et éventuellement l’octosyllabe (8 pieds). Sauf exceptions ou idées novatrices, la césure se trouve à l’hémistiche (le milieu du vers), découpant ainsi le vers en deux demi-vers d’égale longueur de pieds.
Lier ses vers
Une strophe doit contenir le plus possible de vers se lisant à la suite, sans point. Par exemple :
En rêve je perçois, couverte de splendeur
Un être éblouissant : la rose inimitable.
Apeuré, j'aperçois l'animal redoutable
Qu'est la noble lionne, révélant son ardeur.
C’est un poème, hélas, qui contient un point, coupant le quatrain en 2 fois 2 vers distincts. Le rythme en est altéré et la fluidité également.
Par contre :
En rêve je perçois, couverte de splendeur
Un être éblouissant : la rose inimitable
Pendant que m’apparaît l'animal redoutable
Qu’est la noble lionne, révélant son ardeur.
Ce poème montre la lecture d’une strophe complète dans un même élan.